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salem center: TRISTES UTOPIQUES (PATRICK LACAN, 2007)

lundi 22 septembre 2008

TRISTES UTOPIQUES (PATRICK LACAN, 2007)



L’exemple typique de la BD contestataire fustigeant le pouvoir en utilisant un humour d’un mauvais goût plus que douteux. Patrick Lacan signe des saynètes qui se veulent représentatives d’une certaine dérive politique et sociale, ce qui n’est pas inexact en soi. Mais la forme est tellement lourde que cette œuvre produit l’effet inverse de ce qu’elle souhaitait démontrer, et ne parvient pas à offrir un regard novateur ni d’émotions véridiques.
Prenons la première scène, qui voit l’assemblée nationale transformée en ring de boxe où les ministres s’affrontent afin de récupérer le budget alloué à l’année. La caricature est certaine, mais elle est tout simplement frontale et ne se préoccupe pas de subtilité. C’est simplement la représentation exacerbée de l’auteur présentée telle quelle, et sans véritable humour.
Les passages sur la surpopulation font évidemment penser à Ballard, et nous font immédiatement regretter l’absence d’épaisseur caractérisant ces bandes. Même si Lacan expédie ses problématique en trois-quatre pages, la forme est trop peu travaillée pour permettre une appréciation correcte du message qu’il véhicule. Son humour noir tombe systématiquement à plat, laissant derrière lui des dessins versant eux aussi dans la caricature, et finalement vides de sens. Sans fond, la forme est bien futile…
Le découpage du segment Enfantillages est quant à lui intéressant, avec un dessin prenant une page et découpé en plusieurs parties. L’esprit se revendique là encore de Ballard (et de la géniale nouvelle Le Massacre de Pangbourne plus précisément), mais sans atteindre le quart de la puissance évocatrice de l’écrivain. Lacan reste constamment en surface, naviguant sur les eaux d’une critique facile sans la revêtir d’une quelconque atmosphère travaillée.
Télé-réalité, transports en commun, suicide, clonage, politique, tous ces joyeux thèmes sont traités par-dessus la jambe et ne font que s’enchaîner facticement, ne réussissant pas à créer la cohésion d’un monde apocalyptique que souhaitait pourtant l’auteur. Chaque récit est une vignette sur ce monde en perdition qui est le nôtre, et chaque exemple est aussi triste que le précédent.
Alors bien sûr que les problèmes évoqués sont réels, et que les magouilles politiques empêchent souvent de les résoudre. Ce n’est pas une nouveauté, alors autant le traiter de manière originale. Mais Tristes Utopiques n’est ni drôle, ni inventif, ni réflexif. C’est une fausse réflexion sur les dérives actuelles, une satire plombée de la crise mondiale, un exemple de critique non constructive. Aligner les politiques juste pour les aligner, ça n’a jamais changé grand-chose, et ça donne simplement un exercice de style vain et creux. C’est lu en 15 minutes, et ça vaut 13 euros. Le rapport qualité-prix est à revoir… Je m’en vais relire du bon vieux Ballard moi…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

relire son Ballard, ya que ça de vrai, l'ami.